L'Europe, en bas et à gauche.
Alors ce récit prend le temps de développer tout ça, et de digresser sur des sujets futiles ou pas, mais directement inspirés par ce voyage.
Les photos ne sont pas toutes de moi parce que tu as plein de bons photographes qui ont la patience d'attendre des heures pour faire une belle photo, sans personne dessus, avec le bon angle et le bon objectif et la belle lumière qui fait joli…
En plus ils ne mollissent pas sur la retouche, tu remarqueras...
Et si tu ne lis pas tout, je viens faire une soirée diapos chez toi : de 18h à 3h du mat.
Si tu aimes les 4x4 qui grognent dans la dune, ce récit n’est pas pour toi.
Si tu es pervers et que tu aimes voir des images de dromadaires à poils, ce récit n’est pas pour toi.
Là, c’est juste le Portugal, pour voir de près à quoi ça ressemble.
Visiter quoi.
Pas de sable et pas de gros cailloux, parce qu’on fait le voyage avec Jean Luc et Dolorès, Jl et Dolo pour faire plus court, Doudou et Poupette pour faire plus vrai.
Ils ont un camping-car, un vrai, pas une boite pliable comme la notre.
Pas le genre de véhicule que tu mets dans le sable ou dans les cailloux. Quoique…
C’est un passe temps comme un autre, qui ne nécessite ni télé ni internet.
Mais qui est lui aussi un nid de fakes news puisque le fin du fin consiste à faire croire à l’équipe adverse qu’elle peut te tôler, à la mettre en situation de prendre un risque inconsidéré, et ensuite de la coincher, ce qui veut dire :
- "Na na na tes points tu vas pas les faire et c’est nous qui allons engranger !"
C'est parti, le temps bien moyen et la pluie annoncée feront que le parcours de liaison prévu en 4 jours se fera finalement en seulement deux : puisqu’il pleut, autant rouler…
Traversée de la France Est Ouest jusqu’à San Sébastian où l’on arrive de nuit, avec un point gps comme destination : c’est le parking d’un parc au dessus de la ville.
Et là, un gag : une barrière nous empêche de continuer la route prévue, tandis que nos équipiers ont le bon gps qui les amène bien sur le point.
Après plus de 700 km de route on tourne donc en rond une bonne demi-heure avant de grimper un toboggan improbable qui nous débarque au bon endroit.
Tellement content d’être arrivé je néglige d’aller faire le tour des environs.
C’est pour ça qu’on a dormi pas trop à plat, juste à côté des poubelles dont c’est évidemment le jour de ramassage -2h du mat quand même- avec la circulation nocturne propre aux endroits discrets – je te fais un dessin ? -
Alors que 100 m plus loin il y avait le bon vrai spot tranquille, plat, et sous les arbres…
Faut reprendre les bonnes habitudes, première leçon.
On est dans l’authentique, le fragile, le désuet.
J’aime.

Ce sont désormais des autoroutes espagnoles, certes gratuites, mais en état plus que moyen à certains endroits, au point d’être obligé de rouler à cheval sur le bas côté pour éviter les trous de la bande de roulement…
On navigue vers Burgos, on traverse la région qui s’appelle Castille et Léon, et c’est franchement pas excitant.
Les stations de carburants sont disposées aléatoirement dans les villages bordant l’autoroute, et on finit par se retrouver dans un bled désert, pas un pékin pas un commerce, juste planté au milieu de nulle part, qui fait grandement penser au Maroc.
On dégote une station service, on paye un plein à un tarif lunaire, et on retourne sur l’autoroute où, tu l’auras deviné, une station service proprette et pas chère n’attendait que nous…
Du moins ce qu’il en reste vu que l’eau est loin derrière une étendue marécageuse assez navrante.
Bon, on est là pour se reposer, pas pour prendre des photos, mais quand même, chaque fois qu’on va au bord d’un lac avec ces gens, le truc se retrouve brumeux et sous la flotte…
On avait déjà tenté la haute Ardèche avec eux et le joli lac de Coucouron s’était transformé en Loch Ness…
Aujourd'hui nous entrerons au Portugal, par le nord. Voici ce qui nous attend, pour que tu puisses suivre un peu :
On tombe sur un ancien camp romain, dans lequel les légionnaires blessés venaient se refaire une santé.
Un plan se profile : c’est de la vraie source thermale ! Tu veux pas trop chaud ? J’ai. Un peu plus chaud ? J’ai aussi. Tu veux carrément faire le homard ? Tu peux aussi ! Il y a même les baignoires individuelles dont tu peux réguler la température en bouchant plus ou moins le débit d’eau chaude !
Tout ça date de 2000 ans n’oublions pas, est en pleine nature et ouvert à tout le monde.
On entre ensuite au Portugal par de petits villages à cheval sur la frontière et les opérateurs de téléphone nous signalent qu’on est au Portugal, puis en Espagne, puis de nouveau au Portugal, puis etc etc…
"Casse croûte à Castro Laborio", c’est pas le titre d’un San Antonio, c’est là qu’on déguste notre première bacahlau.
Vient ensuite Peneda.
Peneda c’est le bled de chez bled, perdu dans la montagne et là, là, il y a un sanctuaire. Un sanctuaire c’est un édifice religieux dédié à un saint ou une sainte.
Le Portugais, question édifice, il aime le sucré.
Et à Peneda, la sainte a dû être particulièrement efficiente parce qu’il y a le chemin de croix avec toutes les étapes, chacune dans sa petite chapelle avec tous les personnages grandeur nature qui jouent très bien les méchants, les gentils, les soldats, les brigands et tous les petits rôles de l’histoire.
Tout ça monte avec de larges escaliers bien taillés dans la pierre massive, jusqu’à, comment dire, un délire d’escaliers, de perrons, de rambardes et autres statues qui t’amènent au sanctuaire. Lui-même assez grand pour contenir toutes les maisons du village.
La foi c’est la foi…

Ponte de Lima c’est de la petite ville tranquille, traversée par le Lima, qui est un fleuve assez grand pour faire de belles photos, et assez impressionnant pour que les légionnaires romains se soient sentis mous du genou lorsqu’il fallut le traverser.
Parce que ces romains, d’une naïveté confondante, croyaient que le Lima était le fleuve de l’oubli et que ceux qui le traversaient oubliaient leur passé ! Naïfs ces romains, vraiment, un peu comme si aujourd’hui des gens jouaient au loto en croyant qu’ils vont gagner… pfff…
Belle histoire non ? Alors on a installé d’un côté du fleuve les légionnaires et de l’autre le commandant sur son cheval.
Le rio Lima se dandine entre de grandes berges ombragées semées de plages et se heurte parfois à de bon gros rochers qui jouent à le transformer en torrent. Et une Ecovia cycliste permet de savourer le paysage.
On a quand même tenté l’ascension de l’ouvrage, qui s’est avéré praticable en vélo et donc retour comme prévu par l’autre côté, encore plus beau que l’aller. Et comestible...
Hop, direction Braga. C’est déjà de la grosse ville, on y trouve toutes les commodités de la vraie vie moderne, et donc, un magasin décathlon, bien venu parce qu’il faut des plaquettes de frein pour le vélo. Bingo, merci la modernité…
Le conseil municipal de Braga a voté l’installation du nom de la ville en grandes lettres sur une place assez jolie, et le touriste moyen ne peut évidemment pas échapper aux photos… touristiques…
A noter que nous avons retrouvé la formule dans d'autres villes, etje suis près à parier gros que dans 5 ans le moindre trou perdu aura aussi son nom en grosses lettres…
Comment s'appelle ce phénomène déjà ?
Ah oui ! Le manque d'imagination...
Note qu'à Saint-Remy-en Bouzemont-Saint-Genest-et-Ison il va falloir agrandir la place du village...
Il y aussi à Braga une fontaine assez spectaculaire qui vaporise si bien que la photo touristique devant prend des allures d’œuvre d’art. Ou presque.
A Braga se trouve aussi le sanctuaire de Bom Jésus, pas la peine que je traduise n'est-ce pas…
… ouais, quand même…
En haut il y a une source, et un génie a pensé à installer un réservoir d'eau dans chaque wagon. On remplit le réservoir de celui du haut, tandis qu'on vide celui du bas et… le plus lourd descend alors…
Arrivé en haut c'est de la grosse sucrerie religieuse…

… avec parc grandiose en prime et grotte entièrement pas naturelle…

Après ça, une nainerie.
La nainerie est un terme gentillet pour désigner ce qu’un marseillais nommerait une Grooossse Kooonerie…
On s’excite tous pendant un grand moment pour trouver un bivouac sympa ou un camping bien noté, les téléphones chauffent sans résultat... pour s’apercevoir finalement qu’il est prévu d’aller au camping municipal...
....qui se trouve à exactement 400m de l'endroit où nous poireautons... Nainerie donc...
Aujourd’hui c’est la ville de Guimaraes. On est là dans le Portugal ancien, et l’époque était aux querelles de pouvoir et de châteaux. Donc Guimaraes possède un château, à usage défensif, bien pensé pour décourager les éventuels assaillants : on plante la cabane en haut d’un rocher, on construit des murs très hauts avec un chemin de ronde pour jeter des choses désagréables sur ceux qui veulent monter, et comme on imagine que les gars risquent quand même de franchir cette enceinte, on installe au milieu un donjon, dont la seule entrée est un pont-levis, avec encore plein d’endroits pour verser de l’huile bouillante sur les visiteurs indésirables. Mâchicoulis en français.
Pas envie d'entrer, hein…
Le côté touristique se mesure au fait qu’on peut y bouffer à peu près n’importe quoi n’importe quand, et qu’on peut y acheter des objets absolument trouvables partout dans le monde… genre panda en peluche ou coque de téléphone...
Et qu’on y voit des tas de gens se pommader l’égo en se photographiant devant un truc qu’ils ont trouvé beau et que leur seule présence gâche irrémédiablement…
Un peu d'humour, étonnant dans ce Portugal si pieu…
On embraye donc au campismo Salgueiros à Villa Nova de Gaia, qui a l’immense avantage d’être à portée de bus de Porto.
Et comme nous retrouvons la mer à cette occasion, on va se faire un apéro de touristes, entre sable et rochers, avec les anoraks, parce que la mer c’est quand même l’océan et que l’océan fin septembre, c’est pas les thermes romains d’Aquis Querquemis, suivez un peu quoi, c’est là qu’on avait joué les homards et que j’avais oublié de vous dire le nom du coin !
Ce qui n’était pas prévu c’est que chauffeur soit hargneux et qu’il faille ensuite se résoudre à prendre un tour opérateur pour visiter la boutique en une seule journée.
On se retrouve donc dans un bus à impériale avec des écouteurs plantés dans les oreilles alors que d’habitude on se moque de ces gros touristes de masse.
Franchement, j’avoue que c’est pas si mal. Parce que tu fais des kilomètres que tu ne pourrais pas faire à pied, que tu reçois quelques informations intéressantes, et que tu passes devant tout ce qui est remarquable dans la ville.
Mais si tu veux que je te dézingue le truc, je peux aussi : c’est stressant parce que les places à l’étage sont prises d’assaut, le son n’est pas de bonne qualité, et le commentaire est une traduction googolesque qui offre parfois des tournures pittoresques.
Et puis c’est quand même un gros scandale écologique de faire passer des gros bus au gasoil toute la journée en pleine ville et dans des rues justes assez larges pour ne pas toucher les deux côtés.
Voilà, si tu avais ton idée de la chose, rien n’a changé pour toi, et si tu te demandais comment c’est, tu es un peu plus renseigné.
C'est aussi la sempiternelle rue commerçante dans laquelle tout le tourisme mondial vient faire la queue devant tel café ou tel restaurant pour y faire le sempiternel selfie et déguster la sempiternelle spécialité du pays recommandée par les sempiternels guides.
Qu'ils s'appellent Guide Bibendum ou Guide du Tocard ils ont l'imagination formatée et mercantile…

…de celui qui passe, et de la vie qu’on appelle destin, sans doute pour ne rien regretter...
Retour au camping en bus après une journée de bus, et comme le type qui a tracé l’itinéraire a choisi les rues les plus étroites et tortueuses du coin, ça ressemble beaucoup à un tour de manège…
D’abord un scoop : le vin de Porto, il pousse pas à Porto. A Porto on le fait vieillir, on met en fûts, en bouteilles, en carafes, on colle les étiquettes et on expédie le tout.
Les vignes sont dans la vallée du Douro, qui est magnifique et qu’il ne faut pas manquer. Sauf que ça commence à être beau bien loin de Porto.
Tiens, vise un peu :
C’est juste ton destin…
Au matin on quitte le circuit pour rejoindre Aveiro, et, au pied de la descente, Arouca.
C’est le premier village sympa que nous rencontrons, c'est-à-dire le premier village dans lequel on sent un réel effort pour que ce soit agréable à voir et à vivre.
Jusqu’à présent nous ne traversions que des villages laborieux, sérieux, tristounets il faut le dire, et pas trop bien entretenus, il faut le dire aussi…
Arouca est pimpant, aéré, soigné, et dénote donc agréablement avec nos premières impressions. Un petit café pour fêter ça...
Nous avons la chance d’habiter dans une région touristique, la côte d’azur, et, chez nous, le plaisir café coûte au bas mot 2 €, et peut atteindre la stratosphérique somme de 5 € si tu veux le prendre à la terrasse du bistrot renommé de Sein Trop de Pèze ! Ok, ces gens ont des frais, soyons tolérants…
Ici, in Portugal Land, le petit plaisir va te coûter 50 centimes, et avionner à 1,50 € sur la grand place hyper chicos de Lisbonne.
C’est le genre de petit détail qui rend ce pays attachant, tu n’as pas constamment l’impression d’être un pigeon à plumer, tu es bien servi, c’est très correct en qualité et abordable en tarif.
Nous voici à Aveiro, "la Venise portugaise" selon les guides touristiques. Qui n’ont jamais dû mettre les pieds à Venise, parce que Aveiro, bien que possédant trois canaux et une lagune, n’a vraiment pas grand-chose d’autre à offrir.
C’est joli, on trouve quelques beaux monuments, un quartier de pêcheurs authentique, et une atmosphère agréable, sans doute plus due à l’arrière saison qu’à la ville elle-même.
On voit bien sûr des rafales de bateaux peinturlurés se pavaner sur les canaux, avec à leurs bords des troupeaux de touristes plus ou moins ébahis.
J’ai très bien marché le nez en l’air dans toutes les églises que j’ai visitées, avec mes tongs, mon short et mon appareil photo, et j’ai très bien dégusté les spécialités locales après avoir piétiné des heures dans des rues bondées et étouffantes. Mais je ne comprends pas à quoi vont servir les milliers de mauvaises photos de monuments ou de statues dont on ne se rappellera ni le nom, ni l’origine, ni la destination ni même la ville dont ils sont pourtant l’histoire.
A quoi bon gagner des batailles, construire des palais, découvrir de nouvelles terres si c’est pour finir figé dans le bronze, photographié par des bedonnants alcooliques ou des zivas à casquette, à moitié caché par bobonne ou au trois quart éclipsé par une poupée Barbie, et la tête couverte de chiures de pigeons ?
Je m'égare, mais c'était marqué dans le plan...
Et puis on nous dit comment c’est fabriqué : soixante jaunes d’œufs pour un kilo de sucre !
Grosse vague de suicides chez les diététiciens.
Pour compenser un peu on a fait du vélo sur la Cyclavel, qui est une piste cyclable permettant de voir de près ce qu’est la lagune.
C’est super bien fait, tu es au raz du sol sur un chemin de planches et tu circules là-dessus en admirant les oiseaux, la végétation, et l’intelligence de l’homme aussi, qui sait vraiment s’adapter à tout et tirer parti de tout.
Bon, la marée était basse, et on a surtout vu de la boue, mais on a très bien imaginé comme ça doit être encore bien mieux avec la mer à sa place…
Il faisait un temps brumeux, presque couvert, il y avait la fête avec manèges, podium et danseuses qui se trémoussent sur des rythmes sud américains, il y avait les rues et les maisons décorées en l’honneur de la sainte du village, il y avait une ambiance euh… d’une naïveté rafraîchissante.
Doivent s’en mordre les canaux, parce qu’Agueda sera capitale européenne de la culture en 2027, autrement dit le bled sera arrosé de gros pognon européen…
En cherchant un coin sympa pour le repas de midi, on tombe là :
Imagine qu'on est quand même arrivés juste à la bonne période pour que la floraison soit totale. Le bol quoi.
C’est sympa, à taille humaine, et sur le bord du fleuve un gars a pensé à installer une fontaine qui fait bien joli avec le soleil…
Et puis on retient quand mêmes quelques histoires de l’Histoire, avec, un peu comme partout, des rois qui font assassiner leur belle fille dont les larmes se transforment en cristaux, et puis les amoureux qui se vengent en torturant longuement les assassins, rappelant au bon peuple qu’on ne rigole pas avec la morale.
On peut dès lors penser que ceux qui se promènent ainsi se la pètent, mais ça a de la gueule...

Si si, un tunnel pas fini : les gars ont creusé une trentaine de mètres, puis ils ont continué en ne faisant plus que la voute, et puis ils ont finit par percer un trou au fond, sans doute pour voir si leur truc arrivait vraiment quelque part…
Comme derrière ils ont trouvé encore de la roche, ben ils ont calé, ces nains …
Piodao, en plus d’être loin, c’est un peu touristique, mais c’est vrai typique du village paumé fabriqué avec ce qu’on a ramassé dans le coin : les murs, en pierres, les toits, en pierres, les rues, en pierres, la fontaine, en pierres, tout en pierres.
Mais on est un peu en montagne quand même, et les coins plats pour pique niquer sont rares.
Donc on roule et on passe à Foz d’Agua.
Et devant une pancarte "plage fluviale". Oh ?
Et ben c’est juste un bout de paradis.
Et vroum on tire jusqu'à Nazaré sur un point gps prévu.
Là c'est face à la mer, mais on préfèrera s'abriter sous les pins : moins bruyant et plus tranquille.
Soleil couchant, sable, pins, vacances quoi…
JEUDI 3 OCTOBRE
On prend les vélos pour aller jusqu’à Nazaré, en évitant le beau petit chemin bien sablonneux parce que nos vététistes femelles n’aiment pas la sensation de ne pas diriger vraiment le vélo… Comprends pas…
Avec une place magnifiquement penchée, d’excellents joueurs de fado, des bancs accueillants, des vieux promenant les mains au dos, des vieilles à paniers, et pas de bus à étage pleins de touristes ni de calèches rutilantes pleines de premiums.
Tu vois la ville du bas, alanguie sur sa plage, et ensuite tu vas la découvrir.
Découvrir les ruelles ombragées, le bord de mer prévu pour les vélos, le poisson qui sèche, une vieille plus sèche encore que ses poissons, les belles barques photogéniques, le sable blond sur lequel les kékés locaux jouent un football acrobatique et aérien.
- Bom dia, je lui fais, vu que le portugais n’a plus de secret pour moi.
- Buongiorno me répond le gars.
Comme tu es également un linguiste distingué, tu auras compris : un, qu’il est italien, deux, qu’il a flairé le français rien qu’à mon accent, trois, qu’il me fait savoir qu’il est italien.
Il se lèvera ensuite avec classe, me saluera avec classe, et traversera la rue en direction de la plage en trimballant tout le charme italien dans Nazaré la Bella.
Obidos est dans tous les guides touristiques et comme dans les guides touristiques : très beau et très touristique.
Quelques rues seulement, mais soigneusement apprêtées pour la photo, soigneusement disposées pour les commerces, et soigneusement cartographiées pour que tu fasses le circuit en entier, sans manquer une seule boutique…
On s’écartera un peu, et le charme discret de ce mini parc d’attraction nous apparaîtra un peu, au détour d’un petit jardin, d’une petite terrasse ou d’une perspective sublime de couleurs et de lumières.
Soit disant.
Parce que le campismo est installé au sommet de la falaise. L’espace pour les camping cars et circonscrit entre 4 murs, pas folichon comme vue.
Dans cet endroit sont installés des anglais en CC, visiblement depuis et pour un moment parce qu’ils ont aussi la voiture pour se déplacer, et le petit jardin autour du camion, avec les petites lumières qu’ils allument la nuit pour faire jolie ambiance… je comprends pas mais j'aime...
Comme il y a de l’eau chaude, on en profite pour laver le linge… peut être pas une bonne idée…
VENDREDI 4 OCTOBRE
Vu que le lendemain, il pleuvasse et que le linge qui séchait pendant la nuit il a… comment dire… remouillé quoi. Donc direction une laverie qu’on avait repérée la veille, des sous dans la tirelire, ça sèche pendant une demi-heure et on va patienter dans le bistrot du coin.
Rien ne se fait par hasard...
A commencer par le tôlier, tout petit dégarni avec des yeux exorbités d’hyper thyroïdien, en passant par la pochtronne sans dents, le grand débile hydrocéphale et le bossu qui parle tout seul.
Notre fabuleux gps de 2004 nous perd évidemment, on se coltine l’autoroute payante que tu vas chercher à 30 km ce qui fait qu’à la fin tu as payé pour arriver plus tard, bref, on finit par arriver à la gare de Sintra, et on prend le bus pour aller visiter les trucs visitables.
Un, le palais national, qui veut se la faire royale, sympa, encore des histoires de rois qui magouillent pour virer leur frangin ou leur sœur, la routine quoi.
Déjà le voyage vaut le coup. Le Palacio est installé tout en haut d’une colline, mais la grosse colline tu vois, haute et quasiment montagneuse. Et notre chauffeur ben… comme son nom l’indique, il chauffe !
Il chauffe la pédale de droite dans les lignes droites, et celle de gauche dans les freinages. Ça monte grave et c’est le grand prix de la montagne. Sympa.
Le second, c’est que, à mon modeste avis, l’architecte a fumé une herbe beaucoup trop forte pour lui !
Tu vois les palais dans les films Walt Disney ? Là c’est le même, mais en vrai, et planté en haut des rochers. Et le fou furieux s’est aussi mêlé de faire la déco intérieure et le mobilier. On a donc dû entendre ce genre de discussion :
Pas grave, on a vu le Palacio et on fait des rêves grandioses !
Reste à trouver le départ, parce que l’accès à l’impériale est compliqué si tu le prends en cours de circuit : évidemment tout le monde veut être placé en haut…
Donc on prend le taxi qui nous emmène sur la place principale, très jolie...
...sur laquelle aucun bus ne nous attend, parce que c’est vrai que ces gros engins multicolores garés côte à côte défigurent un peu l’endroit où ils stationnent.
Une fois dans le bus tout va bien, le commentaire est un peu soporifique, mais faire le légume en surplombant la foule avec de jolies histoires dans les oreilles et en regardant de belles choses peut être reposant après une longue marche…
On se réveille juste à temps pour descendre à l’arrêt Belem, c’est le nom du quartier dans lequel on fabrique et vend les fameux et mondialement connus pasteis de Belem, prononcer pasteïche.
On a bien le pli "touriste" : on voit une file d’attente, on la prend. Et là !
OK ! Là c’est de l’abattage pur et dur : deux comptoirs, où tu achètes la camelote, et le flot te porte en avant aussitôt le paquet livré. Tu passes devant les cuisines, dans lesquelles une foule grouillante s’active pour fournir en continu le flux d’acheteurs, puis tu es porté vers une première salle tapissée d’azulejos, totalement pleine de gens qui dégustent et boivent., pas grave, tout est prévu, une seconde salle t’attend, aussi pleine d’azulejos que de mangeurs de pasteis, puis une troisième, idem, et tu t’enfonces, de salle en salle, dans le bâtiment, tu progresses en croisant ceux qui sortent, les bienheureux qui ont déjà accédé au graal : une table libre !
C’est un labyrinthe, tu progresses encore, toujours, le proprio doit acheter le moindre endroit qui se vend dans le quartier, c’est une pieuvre, tu es en apesanteur, le flot te porte, te transporte, ceux qui sortent te frottent, de leurs épaules, de leur sac à dos, de leur appareil photo, tu es dans une moraine glaciaire qui s’enfonce inexorablement dans le ventre de la bête, tes yeux scrutent ce que scrutent tous les yeux, les tables, toutes occupées, bondées de pasteis mais aussi de boites de coca, de verres de jus d’oranges, de pailles plantées dans des liquides verts, bleus, multicolores, tu croises des yeux qui te font comprendre ta position inférieure, les yeux qui appartiennent aux culs posés sur les chaises sacrées, les yeux qui te disent qu’ils ont le pouvoir, le pouvoir de faire se lever les culs pour t’accorder la faveur, l’aumône d’une place, puis qui se plissent, rieurs, et te quittent, te laissent t’enfoncer dans les entrailles de ce temple de la consommation, t’abandonnent à ton sort, aux affres de l’errance, de la migration, jusqu’au fin fond de l’antre, jusqu’au suprême délice, qui te sera bien sûr inaccessible puisque c’est le patio, l’ile de verdure et d’air pur au milieu de ce dédale, de ce cloaque, la lumière après la nuit, le patio auquel tu ne peux accéder que sur réservation, le carré vip, la vraie vie, en premium, toutes options, celle qui te distingue des gueux, des rampants, de la plèbe, le patio devant lequel te fait passer le fleuve, le patio que tu vois s’éloigner, disparaître, et tu retrouves ta modeste condition de migrant après avoir entrevu les Illuminati auréolés de la gloire et de l’honneur d’avoir bouffé des pasteis de Belem dans le patio de la boutique !
Respire maintenant !
La vie en premium. J’adore.
Plus cher aussi, parce que à quoi ça sert d’écraser tout le monde et de gagner un pognon de dingue si tu peux pas le proclamer à la face du monde ?
Lisbonne. Hier c’était Lisbonne ville historique, ce matin c’est vélos et cap au nord, sur la piste cyclable.
Et voilà l’autre Lisbonne, Lisbonne 2019, incroyable de modernisme, d’audace, et de qualité. Les usines désaffectées laissent place à des immeubles de logements, de bureaux, à des jardins, des allées. D’un bord de mer pourri par l’industrie nait un quartier moderne, pensé, agréable et beau.
Et l’on va emprunter le pont.
A Lisbonne, pour traverser le Tage, il y a deux ponts.
Le premier, métallique, date de 1966, ressemble beaucoup au Golden Gate de Frisco, et après s’être nommé Salazar fut rebaptisé Pont du 25 avril, comme 25 avril 1974, jour de la révolution des œillets, jour de la chute du dictateur.

Le second est le pont Vasco de Gama, qui mesure quand même 17 km puisqu’il surplombe non seulement l’estuaire du Tage sur 12 km mais aussi la lagune qui n’en finit plus au sud.
Quand tu l’as vu et que tu commences à rouler dessus, tu te sens partir pour une parenthèse, un espace temps particulier, fugace, aérien, poétique.
Ensuite c’est le sud et, si tu regardes la carte du Portugal c’est à partir de là que commencent les grandes plages. On descend jusqu’à Santo André où se trouve le camping qui nous attend.
Il est quasiment vide, la plage est à deux pas, mais il est entouré d’un grillage surmonté de fil de fer barbelé, sans doute pour que les baigneurs ne puissent pas venir profiter des commodités du camping.
Vu de l’intérieur tu te demandes quand même si au dessus de l’entrée tu n’a pas vu marqué "Arbeit macht Frei"…
Ce lundi avait plutôt bien commencé.
Camping désert, douches, lessives, étendage du linge, promenade vélo pour aller voir les vagues qui nous ont empêchés de dormir. En plus passerelles en bois pour arriver vraiment au bord de la plage, photos, sable, rouleaux impressionnants, boucan d’enfer.
Ensuite départ tranquille pour aller voir Vila Nova de Milfontes. Petite ville superbe à l’embouchure de la Mira, donc des plages magnifiques, des rochers noirs pour faire un peu contraste, des courants dans tous les sens avec des effets de vagues magiques. Promenade en vélo dans la ville, authentique, jolie, agréable.
Quand tu vas à Sagres la plupart des voitures que tu vois sont surmontées de planches de surf. Donc Sagres, c’est LE spot des surfeurs. Le surfeur du coin vient avec sa voiture et s’en retourne le soir chez lui.
Avec pour résultat que le super spot qui nous attendait se retrouve blindé de voitures, de fourgons, de camping cars, qu’il est coincé entre la route et la falaise, qu’il est en plein vent, mais alors le vent de chez ventilo, et que c’est surtout pas là qu’on va dormir.
...et que nous voyageons avec des gens qui ont un simple camping car. Donc, le mignon chemin un peu sablonneux que j’ai emprunté se retrouve être un gros piège.
Plantage en règle du camping car.
Arrivé au point bien plat sous les arbres, on détache le CC, qui se replante immédiatement bien sûr, vu que, comme un âne, je me suis laissé piéger par les épines de pins qui te font croire, les sournoises, que dessous c’est du dur.
Et ben c’est pas du dur, c’est même du tout mou…
Bon, à force de tirer en avant et en arrière on finit par stabiliser le CC sur du dur, et le pilote, un peu chaud quand même après l’aventure, déclare péremptoirement que "jamais plus".
On plaisante et on dédramatise…
D'abord dégonfler les pneus du 4x4, je descends à moins d’un kilo pour avoir la bonne traction. Accrochage du boulet, boîte courte, et gros watts.
Erreur : il aurait fallu le tracter en arrière jusque sur du dur, et ensuite envoyer la purée avec de l’élan.
Oups, deuxième erreur : j’ai oublié que le Zouzou passe partout, à condition de ne pas le planter sur son gros ventre. En voulant passer derrière le CC, je pose le 4X4 sur le ventre.
Fini. Terminé. Une roue patine, pas de blocage de pont et pas les plaques : c’est mort.
Pour la forme on va passer deux heures à lever le gros, à lui glisser un poteau en béton qui trainait pas là sous sa roue, à regarder en transpirant le cric s’enfoncer dans le sable, à s’arracher les doigts sur des racines, à ramasser du bois pour faire un joli chemin etc… ...tu l'as déjà vu ce film ?

Tout ça avec la chaleur qui vient, le sable qui rentre partout, l’impression de passer pour le gros con que je suis, et les boules qui montent jusque sous mon menton.
Pour rappel, nous sommes dans l’extrême pointe sud ouest du Portugal, autrement dit le t… d… c... du pays, et ça ressemble beaucoup à un désert…
Je prends le vélo et pars à l’aveugle trouver un tracteur… Je visite des fermes abandonnée, des fermes, vides, avec des chiens assez nombreux pour donner quelques sensations, des bâtiments ruinés, je roule sur des pistes blanches et poussiéreuses au milieu de champs vides et abandonnés, en plein soleil, et avec les boules etc…etc…
Banzaï, ligne droite à travers les champs, montées descentes, tout droit, je m’arrête, j’écoute. On dirait que... Pédale, fonce, monte, descend et… alléluia !
Lorsqu'on arrive Carlos est tellement content qu’il éclate d’un grand rire !
Ou alors ça veut dire "mais qu’est-ce que t’es allé vouloir faire passer ce gros machin sur ce chemin tout pourri !"
Carlos ne rit plus. Parce que le tracteur se retrouve bien cabré sans que le CC ne bouge un rétro. Et puis je commence à imaginer le pire parce que le Carlos, d’un tempérament certainement impétueux comme tout héros qui se respecte, n’a pas envie de passer pour une fiotte avec son beau tracteur puissant.
Mais il faudra quand même reculer le CC pour le mettre sur le dur, et passer sur le côté au milieu des broussailles pour trouver du sable un peu moins mou.
Et là, regarde un peu ce beau travail d'équipe sous la direction de Poupette qui agite son petit bras pour bien qu'on comprenne que c'est en avant qu'il faut aller !
Et derrière, le puissant Doudou : je pense qu'on aurait pu se passer du tracteur finalement...
Sagres s’avère ensuite être belle seulement de loin avec ses falaises et sa mer. Le petit tour en vélo que nous y faisons révèle une ville banale, triste et sans charme.
Le tchoul fait pousser des chèvres, fabrique des bijoux en matériaux recyclés, ne lave pas ses dents, boit de la bière, est écolo et roule dans un camion hors d’âge que tu peux suivre sur google earth tellement il bouffe de l’huile et fume noir…
Le tchoul de Lagos vit entre la voie rapide et les immeubles pourris, entouré d’un grillage tapissé de plastiques, entasse les cannettes dans des poubelles qui ne sont jamais vidées, et l’endroit s’appelle le camping de Lagos…
Cool, non ?
Alors on calte, et on trouve un campismo pas mal et pas compliqué : comme on arrive tard le gardien nous fait entrer, nous donne la clé pour l’électricité et nous dit de nous mettre où on veut.
Ce qui change de la paperasse administrative à laquelle nous étions habitués. Car les campismos portugais ne rigolent pas avec la réglementation : cartes d’identité de tout le monde, paperasse remplie à la main par un employé bloqué à 2 de tension pour obtenir les renseignements qu’il va ensuite laborieusement taper sur un ordinateur, sûrement pour gagner du temps…
On a pris goût à la touriste attitude, alors on va directos chez le promeneur en bateaux pour se faire la grande visite des falaises et des grottes.
Sur la promenade de Lagos sont installées une bonne dizaine de baraques dans lesquelles tu peux acheter le ticket pour la croisière.
Et tu as la cabane dans laquelle se trouve le patron d’une autre boutique, qui parle toutes les langues, qui te fait voir les images très belles de ce que tu vas manquer si tu fais pas sa promenade, qui sourit de toutes ses dents, se met un chapeau rigolo sur la tête pour te distraire un peu, parle à tout le monde en même temps, très vite et très bien, te dit que tu as de la chance parce que le prochain départ est juste bientôt, en plus avec le bateau baptisé Barco D’Amor, et qu’en plus tu seras piloté par super Mario qui est le meilleur de tous !
Et qui te fait le tarif à 12,5 € parce qu’il a envie de te faire plaisir tellement tu es son pote à présent, bref, qui te vend le truc comme si sa vie en dépendait, ce qui est le cas d’ailleurs…
Et bien figure-toi que c’était exactement comme dans le plan : magnifique et impressionnant.
Super Mario te faufile la barquasse dans des endroits pas possibles en faisant rugir le moteur, tu rentres dans les grottes, tu en as plein les yeux, et super Mario sait exactement où et quand tu vas prendre la photo et se paye le luxe de te stopper l’engin en haut d’une vague pour que tu aies bien le temps d’appuyer sur le déclencheur.
Avec le bruit des vagues et le couinement du moteur c'était encore mieux, super spot, super boulot !
Et en plus j’ai pas vomi.
Bon… j’enchaîne… Benagil c’est LA plage au pays des falaises donc si tu veux tremper ta viande dans la mer, c’est là qu’il faut être.
Était prévue aussi la visite de la chapelle de San Lourenço, mais, premièrement c’est fermé, reviens aux heures de visite mon gars, deuxièmement je m’étais benoîtement imaginé la chapelle blanche se découpant sur le ciel bleu avec les cyprès verts à côté, bref je m’étais imaginé le tableau de Matisse, et en fait la chapelle de San Lourenço, elle est coincée entre la zone industrielle et la double voie…
Et même des tchoules…
Ah : on part pas tout de suite, parce que la béquille du vélo de Joce frotte conte la roue, petit dégât collatéral de l’emboutissage…
Ah : on part pas encore, parce que la roue arrière du même vélo est complètement cintrée, petit dégât collatéral etc…
Bref, les boules qui étaient descendues au niveau du nombril pendant la nuit reprennent leur place sous mon menton pendant que je charcute les rayons pour pouvoir faire rouler l’engin.
Qu’à fela ne tienne, on fa aller visiter la fapelle de San Lourenfo, tu fais felle qui n’ouvre que quand on n’est pas là...
L’intérieur c’est des azulejos, mais QUE des azulejos.
Les azulejos sont de petits carreaux de faïence décorés et là, dans l’église de San Lourenço, on raconte la vie du saint, que tu auras déjà traduit en saint Laurent tellement tu es rusé.
Quand j’écris QUE, c’est QUE : pas un centimètre carré n’a échappé à l’invasion, et il fallait bien ça pour une si belle histoire.
Figure-toi que saint Laurent s’était mis en tête de distribuer les richesses de l’église aux pauvres. Sans doute qu’il se faisait ainsi beaucoup trop d’amis, alors le gouverneur du coin a commencé à lui chercher des poux dans la tête. Il lui reprocha ainsi d’être trop riche, et le condamna… à donner ses richesses… au gouverneur… Ben pourquoi se gêner…
Tu penses bien que Laurent ne va pas manquer l’occasion de devenir un martyr et donc un Saint. Alors ils te l’ont grillé d’un côté, puis ils l’ont retourné pour une cuisson parfaite, et le comique de la situation n’a pas échappé à saint Laurent qui a, et ce fut son ultime trait d’humour, proposé au gouverneur de le manger.
"Au départ de l’hôtel Hilton de Vilamoura, station balnéaire réputée pour ses golfs, il s’agit d’un petit tour facile et agréable passant par les sentiers cyclables et la réserve avant de se terminer via un petit chemin longeant la plage" disait l’auteur.
Et les golfs on les as vus parqués derrière le grillage qui séparait les gentlemen’s des gueux comme nous…
Bon, comme tu vois, tout le monde n’a pas la même perception du petit tour facile et agréable…
On trouve la copine.
Qui nous explique illico qu’elle est "bien barrée"...
Et effectivement…
...puis petit repas dans un resto assez moyen, pendant lequel on apprend que la fin du monde est proche, que la crise de 2020 sera terrible, que 5 familles gouvernent le monde, je t'en passe et des plus racistes, et tout ce qu’on aurait pu lire sur le net si on y passait nos jours et nos nuits en suivant le lien "On nous cache vraiment des choses"…
Le bruit de la mer toute proche bercera mes réflexions de la nuit.
Curieux de constater que lorsque nous le franchissons, l'Europe est en mutation, et le pont brumeux est en réfection…
Alors tu renfiles presto ton pantalon, et tu sors pour hurler à ces connards que leurs putains de gosses tu vas les étriper s’ils ne les rentrent pas tout de suite dans leur putain de caravane. Bon, c’étaient des Anglais, mais juste au ton ils ont compris que le génocide était imminent…
Côté wifi on pensait pouvoir se faire une petite connexion, mais le truc ne fonctionne qu’à l’ouverture, soit 10 h...
Bon, je me doutais que c’était pas un parc de verdure, mais quand même… C’est tout pourri et tout glauque.
Et celui-ci de Bartabas, il a, en plus, du cheval, l’odeur…
Et son sourire. Tout en dents. Le sourire qui te dit qu’il a pas envie de rigoler, le Bartabas Bis.
Ce Bartabas là vend la journée des voitures d’occasion dans son coin pourri et la nuit il loue son coin pourri plein de voitures d’occasion au tarif exorbitant de 12 roros à des camping-caristes avides de visiter la somptueuse ville située juste à côté qui, comme toutes les somptueuses villes, possède donc une banlieue hyper glauque, peuplée de bartabas et tapissée d’ordures et de préservatifs.
Belle ville, tu peux consulter les dépliants, ils ont raison.
Des bâtiments autant chargés d’histoire que de motifs recherchés, des parcs aux arbres millénaires, des perspectives royales, le fleuve paisible et placide, de la place pour respirer. Evidemment aussi, des rues minuscules blindées de taxis et de calèches, des files d’attente gigantesques pour faire la photo moins belle que celle de la carte postale en vente partout, et des grappes de touristes du quatrième âge accrochés à des guides gueulards.
Mais aussi chorales magnifiques, mariées à croquer, beaux pères dubitatifs et belle-mères volubiles.
Bref, on est à Séville, et l’Espagne c’est de la bonne grosse tradition, sur ce plan là tout au moins…
On va visiter Cordoue, Cordoba en espagnol. Direction centre ville, avec une adresse pour un parking proche du centre. On navigue avec map, mais dès qu’on est en ville, le bazar beugue et on se retrouve à s’exciter au milieu des embouteillages.
On finit par trouver un coin très banlieue, avec son bistrot de banlieue et ses poivrots de banlieue. Mais j’aime bien l’ambiance, et on est finalement à seulement deux kilomètres du centre.
...et une exploitation minutieuse et minutée de l’endroit, avec visites à telle heure, distribution des billets à partir de telle heure, tarifs incluant ceci ou cela selon que tu veux le vivre en premium ou en gueux.
Il paraît que c’est vraiment très impressionnant dedans, beau, majestueux, et tout un tas de superlatifs. Il parait, parce qu’on s’est boudé la visite, vu le nombre de clients et le stress pour avoir un ticket, et la file d’attente, et tout le toutim touristique qui nous rebute de plus en plus…
Parce qu’avant ça on avait quand même fait l’intégrale : la maison arabe, le quartier juif –à croire que c’est possible de vivre ensemble- les colonnes romaines, les rues étroites, les jardins très beaux, les grappes de touristes ingurgitant du sandwich vite fait pour pas perdre une seconde, les autobus rouges ou jaunes dont on a déjà parlé, et tout ce qui fait qu’une ville magnifique devient un gigantesque parc d’attraction…
Après 100 bornes d’autoroute au milieu de milliards d’oliviers...
A sens unique. Bon, on se lance.
En fait le pont est un barrage, et derrière, devine, oui, un lac, avec au loin… ben des milliards d'oliviers…
Nous sommes un dimanche en fin d’après midi, et comme le coin est magnifique, de nombreuses familles sont venues profiter de l’endroit.
C’est joli, c’est paisible.
Et c’est pourri.
Là où je renonce définitivement à comprendre, c’est que des gars écrasent la bouteille en plastique avant de l’abandonner - pour qu’on la voit moins tu crois ? - et que chacun semble venir dimanche après dimanche pique niquer dans les ordures qu’il a laissée le dimanche d’avant…
LUNDI 14 OCTOBRE
Ben dis donc, il fait pas beau. Il a même plu pendant la nuit, et Doudou a déménagé aussitôt son CC pour ne pas finir embourbé : suspicieux, il est devenu le Doudou…

Ta fenêtre à 50 cm de celle du voisin, à droite comme à gauche, faut éviter les fayots…
Route vers Tortosa, suite et fin. Tortosa c’est au bord de l’Ebre, et une ville au bord d’un fleuve c’est toujours beau. Pour arriver à Tortosa, en venant du sud tu longes un magnifique canal, au milieu des orangers et c’est franchement très bien.
On est en Espagne, et les boutiques tu peux seulement saliver devant parce que tout est bouclé jusqu’à 16h30…
Et si tu te pointes pour manger à 13h30, tu surprends un peu le cuistot qui rentre juste du marché… C’est l’heure espagnole…
Les dieux de la charcuterie seraient-ils passés par là ? Que nenni, les grouiques se sont tus parce que la nuit tombait et l’odeur en question est juste celle des caroubiers dont nous sommes entourés !
Oui, j’ai découvert que la caroube sent la charcuterie…
On se prélasse un peu en ville, terrasse parc et café, pour profiter de Tortosa, ville agréable et temps parfait : soleil chaud et air frais.
Une image qui pourrait avoir 60 ans, et dont le charme nous rappelle que le temps d’une vie n’est que la durée d’une petite histoire…
Il existe au nord de la ville une voie cyclable tracée sur une ancienne voie ferrée, et ce sera notre activité de l’après midi.
Un peu magique, parce que l’Ebre la longe, ainsi qu’un canal parfaitement entretenu, parce que tunnels et viaducs se succèdent et que nous sommes pratiquement seuls sur cette piste surgie du passé et aussi intemporelle qu’un envol de pigeons.
Nous sommes en Catalogne, et le gouvernement indépendantiste autoproclamé quelque mois auparavant voit ses membres jugés et condamnés par la justice espagnole, ce qui réchauffe si bien l’atmosphère qu’une grève générale est décidée pour vendredi, avec blocage total de la province.
Décision est donc prise d’évacuer les lieux avant la paralysie : donc demain matin delta de l’Ebre en vélo, douche, et taille la route.
Le delta de l’Ebre ressemble à la Camargue, en plus mouillé et avec les montagnes derrière.
En l’occurrence c’est l’autoroute qu’on nous fait quitter : une heure coincés avant Barcelone. Bon, on prend la route et on passe au nord, Manresa, beaucoup de kilomètres puis on rattrape l’autoroute direction Girona.
Nouveau blocage, il faut sortir : une heure coincés à Vic. Nous tentons de traverser la ville pour reprendre l’autoroute plus loin. Peine perdue, des camions bloquent les entrées, les flics agitent les bras et se contentent de renvoyer tout le monde sur l’autoroute dans le sens libre… Fine stratégie…
On n’en avait jamais douté, mais on n’avait pas non plus besoin de preuves…
Doudou et Poupette sont déjà installés depuis longtemps à PortBou, juste avant la frontière.
Ils se la sont coulée douce pendant qu'on galérait, c'est la vie…
Quelques minutes en plus ou en moins… et tu vois çà…
...ou çà…
Arles sur Tech.
Ici on parle français et, après un mois de baragouin et de communication réduite, la sensation est curieuse. Je me surprends à dire "buenos dias" en entrant dans la boulangerie… Pas dérangeant ici puisque tout le monde est bilingue.
Et. Et une voiture arrive, vomissant du rap par toutes ses ouvertures, un ziva casquette à l’envers en sort en braillant.
Se dirige vers les toilettes en braillant.
Sans doute aussi qu’il pisse en braillant…
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